Star's End

Il est presque 9h30. Dans 1h30, c’est le moment. Le jour J, l’heure H, la minute M, etc …
Sensation très bizarre.
Je ne suis pas en noir, ce n’est pas un jour de désespoir total.
Un chiffre, 13%.
C’est pas un chiffre porte-bonheur, ça ?

Déclenchement ce soir.
IAC mercredi.

Vous cassez pas la gueule en croisant les orteils.

Marre des salles d’attente de gynéco, de prises de sang à la chaine, d’injections douloureuses, d’attente.
Envie de pleurer, d’envoyer tout ballader.
Ras le bol des cons insensibles qui ne comprennent rien, qui ne voient que le retard matinal.
Envie de hurler ma colère à travers le bureau.
Se rouler en boule, et dormir.

In the mood for ……

Bien trop brutal
L’amalgame
La danse des corps
L’amour à mort

Amour poisson
Collision
La peur s’abat
Sur nos ébats

Toi entre nous
Caoutchouc
Tu t’insinues
Dans nos amours

C’est pas facile
Le plaisir
Apprivoiser
Ton corps glacé

Que mon cœur lâche
Mes rêves d’amours excentriques
N’ont plus leurs strass
Mon stress d’amour est si triste
Que mon cœur lâche
Mais fais moi mal
Abuse des liens et des lys
Les temps sont lâches
L’amour a mal
Les temps sont amour plastique

Quel mauvais ange
Se dérange
Pour crucifier
Mes libertés

Moi pauvre diable
J’ai si mal
Vertige d’amour, amour blessé.

Mylène Farmer – Que mon cœur lâche

J’ai toujours été effarée par mon manque d’habileté. Je ne sais rien faire de mes dix doigts : pas dessiner, pas peindre, pas faire de poterie ou de maquettes, pas tisser de perles.
Par contre, je fais la cuisine. J’adore patouiller (comme dit mon Panda). Des gâteaux, des biscuits, du pot-au-feu, des huîtres chaudes, des confitures.
Je me dis que, finalement, mon loisir créatif à moi, c’est la cuisine. Equipement ad-hoc et pointu, le plaisir de fabriquer de ses mains (aaaaaaaaaah, pétrir le pain – et pas d’idées mal placées, merci). Le plaisir d’offrir (mon pain d’épice a fait le tour de la famille, et j’ai des commandes de marmelade d’oranges).
La fierté tient à peu de choses, quand même.

Lire ici. En résumé, elle lâche son mec (Ken) après 43 ans de fiançailles. Alors que toutes les petites filles de la planète prennent Barbie en modèle, elle se conduit comme la dernière des radasses.
La haine !!!!!!

C’est reparti.
Rendez-vous pris avec l’infirmière pour les injections. Monitorage prévu lundi matin, déclenchement probable mardi soir et insémination jeudi.
Je reste zen et je garde espoir.
Et maintenant, tout le monde croise les doigts (les orteils aussi, merci).

A la suite d’une conversation téléphonique (pour changer) …
J’aime être l’épaule compatissante, je me sens à l’aise dans la compréhension, l’écoute. Une forme d’empathie, de tolérance, bref j’aime être à la place de « celle qui écoute et ne juge pas ».
Revers de la médaille, c’est parfois très lourd à porter (mais selon le vieil adage, la joie se multiplie et la peine se divise) … et surtout il m’est presque impossible, à moi, de me livrer vraiment. Pas directement. Ne pas se montrer faible quznd tout le monde pense que vous êtes fort. Je l’ai fait, presque contrainte, à un professionnel de la chose (entendez un psy) pendant plus d’un an. Entre faille narcissique, décalage d’image et rapport de force. Et depuis, j’ai commencé ce journal. Réceptacle de mes espoirs, colères, haines, joies aussi, je me suis fabriqué ma propre épaule, sur laquelle je peux toujours me reposer, quelles que soit les circonstances.
Et mon Panda ?
Chacun ses hauts, chacun ses bas. Il faut apprendre à se soutenir mutuellement, sans tomber dans le piège de la culpabilité. Trouver ses points forts, apprendre de ses points faibles.
Et tenir.

Hier soir, finalement, nous sommes allés voir le troisième volet de la série « Le Seigneur des Anneaux ».
Alors, là, ils se sont carrément lâchés sur les décors. Et sur les horribles monstres du Mordor. Franchement, je ne sais pas à quoi ils carburent les gars, mais c’est effrayant quand on y pense !
A part ça, que dire ? Il faut absolument que Legolas me donne l’adresse de son coiffeur, parce que garder un brushing impec pendant la charge, il faut le faire … il faut aussi qu’il pense à changer de dialoguiste, parce que par moments ses réflexions frisent l’insulte à l’intelligence.
Et ainsi se clôt l’adaptation au cinéma du mythe fondateur de la littérature de fantasy.
Tout à fait franchement, si c’est techniquement assez réussi (mis à part qu’il n’est écrit nulle part que les Elfes ont les oreilles pointues, ça c’est les Vulcains), je reste un peu dubitative quant à la qualité intrinsèque de l’adaptation. On retrouve les mêmes longueurs que dans le bouquin, et d’une façon générale je ne suis pas super emballée. Mais si ça a pu donner à certains l’envie de lire cette oeuvre, c’est une petite victoire en soi.

Aujourd’hui c’est décidé, je suis un Elfe-Dragon.
Et que personne ne m’objecte que ça n’existe pas. Puisque j’en suis un …. CQFD.
Bon, je vais griller quelques nains pour mon petit-déjeuner.